lucie delarue-mardrus

Lucie DELARUE-MARDRUS (1874-1945), poète, romancière, sculptrice

 

Lettre autographe signée au poète et dramaturge Maurice ROSTAND (1891-1968). 4 pages in-8. 1921. Trous de classeur.

 

Belle critique du livre Le Pilori  et quelques conseils pour le futur.

 

Elle a reçu son roman Le Pilori. « J’ai pensé le parcourir car il y en a 40 autres qui m’attendent également mais j’ai dû le lire, et ceci vous montrera tout de suite l’intérêt intense que j’y ai pris ». « Le plus bel éloge sera d’abord un cri d’égoïsme » car il y a des pensées qui lui sont « intimement fraternelles ». S’il avait lu ses vers à elle, il aurait perçu cela, « mais vous ne lisez que ceux de Madame de Noailles (comme en témoigne une récente interview des Annales) ».  Elle reproche à Maurice Rostand de l’ignorer, tout en faisant l’éloge de son livre : « Supposant que ma vraie pensée vous intéresse : voici » et cite les points positifs du livre. « La poésie qui ruisselle à toutes les pages m’enchante et me console ». Elle lui reproche cependant : « Le ton élégiaque à la Noailles », tandis que « le saule pleureur dans l’ombre traîne à tant d’endroits, l’abus du violet et de l’ovale, une certaine afféterie (...) tout cela disparaîtra quand votre personnalité plus mûre envahira tout. Quelques erreurs dans le temps des verbes m’ont bien embêté aussi (et c’est tout pour la petite grimace) ». 

Elle applaudit néanmoins à son « désespoir, à cette tendresse pour les humains que nous sommes qui nous sauve du narcissisme ». Cela lui évitera d’être d’ailleurs d’être le « poëte d’un seul livre » « le visage toujours le même sous une succession de masques ». Ajoute : « prenez garde au pathétique à outrance, ménagez un peu vos noirs. Ils n’en seront que plus émouvants ». 

 

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