Francis de MIOMANDRE (1880-1959), romancier, traducteur.

15 lettres autographes signées (enveloppes conservées) et 6 cartes, dont 5 cartes postales autographes signées. Plus d’une vingtaine de pages. 1947-1958.

Cette correspondance amicale avec un bibliophile, salarié du Mercure, n’évite pas les évocations de rendez-vous de même que ceux manqués dus à la fatigue de l’écrivain, mais vaut pour les quelques remarques du romancier sur sa vie et ses occupations.

1947 : son correspondant souhaite un mot autographe sur un exemplaire de Zogoïbi d’Enrique Larreta qui fut traduit par Miomandre.

1947 : « Je me rends compte que je ne retiendrai jamais ce que je recherche, cet article sur « la segar » (nom que l’explorateur donne au cigare et dont il parle avec un lyrisme émouvant) ».

1948 : « Nous parlerons de ce que vous me dites à propos d’Écrit sur de l’eau. Il s’agit sans doute de l’édition princeps, à couverture verte. Elle est en effet plus qu’introuvable ». En 1908, Francis de Miomandre, âgé de 28 ans, remporte le prix Goncourt pour son roman Écrit sur de l'eau.

1948 : « Je n’ai aucune superstition ou plutôt, les ayant toutes, je ne suis pas plus effrayé par le nombre 13 et le vendredi que par n’importe quoi… puisque tout cela est signe et menace ».

1948 : « … vous avez affaire en moi à l’homme le plus surmené qui existe et qui a en outre la malchance de ne jamais pourvoir donner un rendez­vous sans que quelque obstacle vienne se mettre en travers ».

1948 : « Voudriez­vous (…) me faire mettre au service de presse de vos prochaines publications, et notamment de ce Beowulf dont Adrienne Monnier dit tant de bien et dont je serai heureux de parler dans Elites, où je fais la critique des livres ? ». Il s’agit de Beowulf, roman d'une maison de thé dans Londres bombardé de Bryher dont Adrienne Monnier a écrit la préface (Mercure de France, 1948).

1948 : « J’ai fumé religieusement votre amical cigare, entre deux corvées, quel doux instant de paix ! ».

1949 : Devaux fait son service militaire. « Pardonnez­moi cher Guerrier, mon long silence. C’est celui d’un ermite dont la cruche est un encrier, la discipline un style, et le pain un paquet de papier, un ermite, mais qui n’oublie pas que dans le monde sont restés ses amis. Il pense à vous particulièrement en ces jours où toute la chrétienté a la douce illusion de 1949 sera infiniment plus beau que 1948 ».

1950 : « les caméléons sont morts… C’est trop triste… Je les aimais tellement ! »

1950 : « Mes caméléons sont morts. Ça aussi ça vous démolit. De si chères petites bêtes ».

1954 : «… quelqu’un qui, tiraillé entre la maladie et le surmenage, n’a plus une minute pour la vraie vie ».

1955 : il lui envoie une invitation pour l’exposition de Roger Wild.

1955 : « Pour Politique Réelle j’ai vraiment scrupule à en accepter un exemplaire, car je ne saurais de quelle manière, ni à quel endroit en parler… Sans compter, je l’avoue tout bas, le manque d’enthousiasme. Depuis trop longtemps je ne crois plus au droit divin, et mon scepticisme en politique est devenu total ».

Politique réelle est livre d’Antoine Blanc de Saint-Bonnet (1815-1880), une figure du contre-révolutionnaire anti-libéral.

Un document autographe non signé : « Petite Fiche » dans laquelle l’écrivain rédige lui-même une biographie succincte.

L’écrivain meurt le 2 août 1959. Il est joint une suite de la correspondance avec la compagne de Francis de Miomandre, la romancière Marcelle Castelier. 6 lettres autographes signées, enveloppes conservées. 1959- 1960.

1959 : « Je dois vous confier que Francis est très malade et je perds la notion du temps, noyée dans le chagrin, les soins et les soucis ».

Septembre 1959, après le décès de Francis de Miomandre : « Oui, ma douleur est grande (…) vous viendrez me voir pour parler un peu de mon cher Francis et grand compagnon qui m’a laissée sur le chemin ».

1960 : « Je suis occupée à recopier des textes pour A. Lanoux (Œuvres libres). Pour ce qui concerne Les Cahiers du Sud, votre démarche m’intéresse. Mais s’agit­il de donner un petit texte pour la revue, ou envisagerait­on la publication d’une œuvre inédite entière ? Les Cahiers du Sud ont­ils une maison d’édition ? »