félicien challaye

Félicien CHALLAYE (1875-1967), philosophe, journaliste, anticolonialiste et pacifiste

 

Lettre autographe signée adressée à l’écrivain Maurice ROSTAND. 4 pages et demie. 1952.

 

Belle lettre politique et religieuse.

 

Il a emprunté à une amie la Lettre à Dieu de Maurice Rostand. « Excusez-moi de vous infliger la lecture de ce monologue ».

« Pour qu’il n’y a aucune confusion sur mon attitude personnelle, je vous confesse que je ne suis ni matérialiste ni athée. Je ne suis pas non plus scientiste : la science me paraît incapable de pouvoir apporter à l’homme le vrai bonheur. Je me qualifierais même encore, en un certain sens de chrétien : car j’ai gardé d’une éducation qui a profondément pénétré mon enfance et ma jeunesse la volonté de contrer ma vie sur ces deux amours : l’amour de Dieu et l’amour des hommes ».

« Mais mon Dieu n’est pas, comme le vôtre, un Dieu personnel, conçu sur le modèle de l’homme agrandi, avec le même genre d’intelligence et de volonté. Mon Dieu est l’être infiniment infini (…) l’Être infini… ».

Un dieu qui ne serait pas soupçonné de favoritisme. Il compare la situation de Maurice Rostand et les millions d’enfants qui meurent de faim en Chine et en Inde, les enfants coréens tués par les soldats des armées chrétiennes. Combien de personnes n’ont pas été protégées alors que Maurice Rostand revendique d’avoir été protégé.

Il n’est pas d’accord non plus sur l’immortalité : « vous dîtes que sans l’espoir de l’immortalité, la vie est sans but. Non. Ce n’est même pas sans but égoïste : car il est délicieux de sentir se succéder en soi des âmes mortelles… »

Ni sur cette vie qui, sans le dieu personnel de Rostand, ne serait « bâtie sur rien ». Il donne des exemples. Il lui dénie de pousser au suicide (« en leur refusant toute raison de vivre ») les hommes et les jeunes gens qui ne peuvent accepter la croyance en un dieu personnel.

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