Adrien-Paul Balny d'Avricourt

Adrien-Paul BALNY D'AVRICOURT (1849- décédé à vingt-quatre ans, en 1873), officier de marine.

 

Correspondance de 8 lettres autographes signées adressées à son ancien professeur, romancier, publiciste et enseignant Joanni d'Arsac ; dont 4 à son chiffre, 5 lettres rédigées à bord du Borda en rade de Brest (un vaisseau de 120 canons). 35 pages environ, in-12 ou in-8. Vers 1866. Traces d'anciens montages dans les pliures des feuillets recouvrant dans 2 lettres la fin de certains mots, quelques déchirures aux plis de certaines lettres, restauration sur la bordure haute d'une page.

 

Adrien-Paul Balny d'Avricourt s'illustra lors de la première conquête du Tonkin. Commandant l'Espingole, il trouva la mort avec l'officier de marine Francis Garnier le 21 décembre 1873 lors d'une sortie près de Hanoï contre les Pavillons noirs, des soldats mercenaires d'origine chinoise.

Entre le futur lieutenant de vaisseau, explorateur du Tonkin, et son ancien professeur, les lettres décrivent une amitié solide et l'état d'esprit d'un jeune homme ambitieux. Elles renseignent sur un ton sarcastique de ses premiers pas d'élève marin à bord du Borda.

 

Adrien Paul Balny d'Avricout s'excuse de sa "paresse incarnée (...) Je ne fais rien, rien que monter à cheval ou prendre quelque autres exercices mais en revanche je me porte admirablement bien. Je n'ai plus cette mine pâle ces joues maigres que vous me reprochiez. Je suis gras comme un moine, heureux comme un roi". Cependant, il lui manque ses amis. Quant à cette vie de nonchalance, il ne pourra la supporter longtemps : "non, ce n'est pas ma vie cela, il me faut d'autres ressources que celles-là". Il est "ambitieux" et travaillera pour être dans un bon rang à ses examens. Il lui écrit qu'il est en train de lire son livre sur les Jésuites (Les Jésuites, doctrine, enseignement, apostolat, 1865).

 

Il lui explique pourquoi il n'a pas pu aller le voir puis conclut : "Vous voyez que je ne suis pas coupable. Ce n'est que le manque de temps qui m'a forcé de vous faire défaut"

 

"Calmez-vous, cher ami, calmez-vous (...) Sachez que quoique mes examens fussent terminées depuis 4 jours, je n'ai quitté l'école que le matin à 11 h." Il lui donne rendez-vous "le temps de [lui] dire qu'il [le] déteste".

 

"A bord du Borda, Rade de Brest".

 Il est allé à Paris mais n'a pas pu lui rendre visite et s'en explique assez longuement en donnant son emploi du temps et enchaîne : "Depuis hier je suis à bord". On leur a appris quelques noms de cordage, à faire leur lit dans le hamac. Il raconte sa première à bord balancé de babord à tribord. Sa vie à bord ? : "elle est assez rude, mais c'est ce qu'il faut pour former des marins. Elle est même souvent pénible".

 

"A bord du Borda, Rade de Brest".

Il s'excuse une nouvelle fois de l'avoir négligé et lui demande de ses nouvelles. "Quant à moi je mène actuellement une vie monotone et je suis quelque fois pris d'ennuis bien violents. Je n'ai cependant qu'à me louer de mes fistots, ils sont tours charmants pour moi". Il nomme Eric de Dampierre avec lequel il s'est lié d'amitié. ll a promis à son père de veiller sur lui. Il lui écrit qu'il ne se plaint pas, mais il lui "faut autre chose que cela" pour répondre à ses "aspirations d'une nature ardente" comme la sienne. Il lui reste 8 mois d'école à faire qui lui paraissent comme infranchissable. Adrien Paul Balny d'Avricout évoque alors une pétition collective envoyée à l'Impératrice afin de ne pas laisser 7 de ses camarades de la promotion en arrière. Il s'est retrouvé consigné avec ses camarades. "Mais depuis j'ai fait 4 jours de cachot pour avoir des allumettes, 1 jours de prison pour dormir à une étude du matin, 2 jours de police pour une autre bêtise de ce genre. Chacune de ces punitions entraîne la privation de sortie et j'ai du rester à bord". Il va aller parler au commandant.

 

"A bord du Borda, Rade de Brest".

Adrien Paul Balny d'Avricout lui donne de ses nouvelles : il a eu de la fièvre et des coliques et a dû aller à l'hôpital. Il évoque longuement son classement : "mon mauvais classement est réparé par le dernier : au lieu d'être 64e, je suis maintenant 13e, encore dois-je d'être aussi loin à mon affreux caractère qui m'a valu d'endurer plusieurs fois toutes les punitions du bord (...) chaque punition entraîne une diminution de points proportionnelle à son importance". Il le rassure sur ces punitions qui sont liées à des difficultés avec les surveillants ou les factionnaires et son ambition d'être un bon marin et un parfait homme du monde. Il explique à son ancien professeur le système d'examen.

 

"A bord du Borda, Rade de Brest".

"Je suis marin. J'adore cette vie là, on respire ici, et je ne céderai pas ma modeste place pour un empire. Oui, c'était bien une vocation qui m'entraînait vers la mer et je remercie Dieu de me l'avoir fait sentir si vivement et d'avoir mené à bonne fin ce rêve dont mon imagination le berçait depuis si longtemps". Il décrit la manière dont il travail et donne ses notes. Fidèle à son esprit critique, il blâme le fait d'apprendre "mot à mot l'explication plus ou moins baroque des divers commandements ! C'est à désirer d'apprendre tout un volume de littérature au mètre cube."

"Nos officiers sont tous très bien en général (...) le commandant en chef est très aimé par moi, il m'a déjà fait appeler quelques fois pour causer un peu sur mes impressions. Il m'a promis de s'occuper spécialement de moi".

 

"A bord du Borda, Rade de Brest".

"Je ne pense plus aux torts du second qu'une jalousie dont il est revenu avait autrefois excité contre moi". Il raconte ses journées à bord, ses récréations à fumer, les brèves sorties, ses "déboires" ayant fait "deux jours de cachot dans une obscurité complète à fond de cale n'ayant pour tout potage que du pain sec et de l'eau à moitié décomposée et pour lit qu'une planche (...) Avais-je donc assassiné quelqu'un ?" Sa punition était liée à un "faux rapport" fait par un factionnaire. Il s'en plaignit au commandant qui lui a rappelé le sens de la discipline mais a dit que "justice sera faite" et le factionnaire fut envoyé quelques jours aux fers...

Mais il aime son métier "mais quel spectacle grandiose en récompense !". Il termine sa lettre en lui informant de quelques notes et de ses faiblesses en anglais...

Adrien-Paul BALNY D'AVRICOURT

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